jeudi 31 août 2017

La Vérité sur l'affaire Harry Québert, Joël Dicker
À New York, au printemps 2008, lorsque l'Amérique bruisse des prémices de l'élection
 présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable
 d'écrire le nouveau roman qu'il doit remettre à son éditeur d'ici quelques mois. Le délai est
 près d'expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d'université,
 Harry Quebert, l'un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se
 retrouve accusé d'avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec
 qui il aurait eu une liaison. Convaincu de l'innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour
 se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les
 événements : l'enquête s'enfonce et il fait l'objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa
 carrière d'écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que
s'est-il passé dans le New Hampshire à l'été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ?
 
 
 
AVIS 
 
 
« Si les écrivains sont des êtres si fragiles, Marcus, c'est parce qu'ils peuvent connaître deux
 sortes de peines sentimentales, soit deux fois plus que les êtres humains normaux : les chagrins
 d'amour et les chagrins de livre. Écrire un livre, c'est comme aimer quelqu'un : ça peut devenir
 très douloureux. »
 
 
Remportant en 2012 le Grand prix du roman de l'Académie Française et le prix Goncourt des lycéens, je m'attendais à lire un roman policier doté d'une plume inspirante et qui sait trouver les mots justes. Mais en commençant ce roman, je ne pensais pas me plonger aussi intensément dans cette histoire aux multiples facettes. Cela faisait longtemps que je n'avais pas été autant emportée par un roman. Parfaitement construit et imaginé, La Vérité sur l'affaire Harry Québert est une véritable claque et un continuel bouleversement dans les diverses réflexions du lecteur sur la finalité de son intrigue. Après la lecture de l'ultime chapitre, je n'ai pu que rester figée, désarmée et muette face à l'enquête de cet écrivain brillamment menée, à cette écriture dynamique et stylisée à souhait, et à cette relation spirituelle et de l'ordre presque filiale entre Marcus et Harry parfaitement développée. Je ne peux qu'être d'accord avec l'avis de Bernard Pivot retranscrit dans le Journal du dimanche : « Si vous mettez le nez dans ce gros roman, vous êtes fichus. Vous ne pourrez pas vous empêcher de courir jusqu'à la six centième page (mon édition en fait 850). Vous serez manipulé, dérouté, sidéré, agacé, passionné par une histoire aux multiples rebondissements, fausses pistes et coup de théâtre. »

Après le fort du succès de son premier roman, Marcus Goldman peine à trouver l'inspiration afin de continuer sur sa lancée. Harcelé par son éditeur et son agent et jouant de sa notoriété dans son quotidien, Marcus se retrouve irrémédiablement face au mal des écrivains : la maladie de la page blanche. Malgré l'échéance pour délivrer son nouveau manuscrit, ce jeune auteur n'arrive plus à écrire et remet toute sa vie en question, jusqu'à appeler à l'aide son ancien professeur d'université et ami, Harry Québert. Celui-ci l'invite donc à revenir auprès de lui, comme à ses jeunes années, dans la petite ville d'Aurora dans le New Hampshire afin de s'aérer l'esprit et de réussir à retrouver l'inspiration. En revenant habiter pour quelques jours dans la maison de son ami, Marcus ne pensait pas découvrir le secret inimaginable d'Harry Québert. Ce professeur et écrivain très reconnu a effectivement eu, à l'époque de ses trente ans, une relation à Aurora avec Nola Kellergan, une adolescente de quinze ans disparue mystérieusement depuis maintenant trente-trois ans. Alors que Marcus jure de garder le secret en revenant à New York, il est bientôt appelé à démêler le vrai du faux suite à une découverte surprenante : le corps de Nola a été retrouvé enterré sur la propriété d'Harry. 

La police d'Aurora et la presse sont alors unanimes, d'autant plus lorsqu'ils apprennent l'ancienne relation entre l'homme et la jeune fille : Harry Québert est un assassin. Perdant toute considération auprès des personnes qu'il côtoyait chaque jour et celles qui le percevaient comme un des grands pontes de la littérature du XXème siècle, grâce surtout à son roman Les Origines du mal, il ne peut compter à présent que sur son avocat et surtout sur Marcus pour jurer de son innocence. Et malgré les conseils de ses parents ou de son agent de ne pas se mêler de cette affaire, le jeune écrivain ne compte pas abandonner son ami pour qui il voue une admiration et une confiance sans bornes. Commence alors en parallèle de la police, son enquête qui mènera Harry jusqu'au point de non-retour. Interrogeant toutes les personnes en lien avec cette affaire, Marcus va échafauder de multiples hypothèses, va sans cesse creuser afin de déceler la vérité, va parfois se tromper, va devoir revenir sur ses pas afin de comprendre les circonstances de la mort de cette pauvre Nola et de celle de Deborah Cooper, la dernière personne ayant vue l'adolescente en vie poursuivie dans la forêt par un homme. Et malgré cette innocence que crie sans cesse Harry, il est difficile de ne pas le voir comme le suspect idéal. Car dans cette petite ville, tout le monde sera d'accord pour dire qu'un adulte ayant écrit un livre d'amour pour une mineure ne peut être qu'un dangereux pervers. Mais, bravant les préjugés et les idées reçues, Marcus va aller beaucoup plus loin en mettant divers habitants face à leurs propres secrets et à leurs propre part de responsabilités lors de cette année 1975. 


« Chérissez l'amour, Marcus. Faites-en votre plus belle conquête, votre seule ambition. Après
 les hommes il y aura d'autres hommes. Après les livres, il y a d'autres livres. Après la gloire, il y a
 d'autres gloires. Après l'argent, il y a encore de l'argent. Mais après l'amour, Marcus, après l'amour
 il n'y a plus que le sel des larmes. »


L'auteur nous dépeint alors le passé mais également le présent de cette petite ville brillamment retranscrite et de ses habitants parfaitement développés par l'intermédiaire de la narration de Marcus mais également par la correspondance en 1975 entre Nola et Harry. On ne peut que prendre beaucoup de plaisir à découvrir plus intensément chacun des personnages qui jouent tous un rôle particulier, que ce soit en lien avec l'affaire principale ou par les propos qu'ils rapportent à Marcus, ce dernier se servant de ces informations pour son enquête mais aussi pour son nouveau livre. Marcus est un personnage très bien approfondi, le lecteur ayant l'opportunité de le découvrir dans ses jeunes années afin de comprendre davantage son caractère et ses ambitions actuelles. Le percevant d'abord comme un homme quelque peu lâche et arrogant, j'ai appris à le découvrir, à apprécier ses failles comme ses forces, et à ne plus pouvoir m'en détacher. Tout comme avec Harry, qui au départ est dépeint comme un illustre maître pour Marcus et écrivain pour l'Amérique, et qui se retrouve complètement sali de toutes parts. Il est d'autant plus intéressant lorsque l'on découvre toute sa solitude et sa tristesse qui gonflent depuis toutes ces années, et lorsqu'il en devient presque pathétique et se fait dépasser par son élève. La relation filiale entre les deux protagonistes a été pour moi un des gros points forts du récit, jouant parfois sur son ambiguïté, mais surtout apportant toujours à Marcus et à Harry une porte de sortie, une chance d'en apprendre davantage sur eux-mêmes et sur leurs capacités.

Nola est également un personnage très intéressant à découvrir, qui reste longtemps dans l'ambiguïté et dans le mystère. On lance facilement des suppositions sur son véritable caractère, sur ses réels désirs sans vraiment réussir à être dans le vrai. Du haut de ses quinze ans, Nola étonne, séduit, émeut les différents protagonistes mais également le lecteur impressionné par ce petit bout de femme partie trop tôt. Au sein d'Aurora, on s'interroge, on se laisse mener par le bout du nez, on se trompe et on apprend de nos erreurs en s'attendant toujours à un nouveau bouleversement. L'auteur reste le seul maître à bord, jouant avec nous avec une facilité déconcertante et jouissive. Je n'ai pu que me procurer la "suite" des aventures de Marcus avec Le Livre des Baltimore pour me replonger rapidement et avec beaucoup de plaisir dans les hypothèses et conjectures du jeune auteur. Au-delà d'une simple histoire policière, ce roman permet de nous interroger sur la lecture et l'écriture d'un roman et le statut d'écrivain et ce qu'il peut représenter pour la population. Ce livre réunit divers thèmes qui se superposent très bien et qui se relient avec une telle justesse qu'on ne peut que se laisser glisser à travers les pages jusqu'à entamer la dernière avec un certain regret, celui de se dire que c'est déjà fini. 


« Un bon livre Marcus ne se mesure pas à ses derniers mots uniquement, mais à l'effet collectif
 de tous les mots qui les ont précédés. Environ une demi seconde après avoir terminé votre
 livre, après en avoir lu le dernier mot, le lecteur doit se sentir envahi d'un sentiment puissant ;
 pendant un instant, il ne doit plus penser qu'à tout ce qu'il vient de lire, regarder la couverture
 et sourire avec une pointe de tristesse parce que tous les personnages vont lui manquer.
 Un bon livre, Marcus, est un livre que l'on regrette d'avoir terminé. »



CONCLUSION
Un roman policier parfaitement abouti qui arrive bien à
 voyager entre passé et présent et qui réunit tous les ingrédients
 pour en faire un page turner. Les personnages sont aboutis et
 intrigants et l'écriture de l'auteur est très agréable.

mercredi 30 août 2017

Vous n'êtes pas venus au monde pour rester seuls, Eivind Hofstad Evjemo
Une voiture approche et le temps semble s’arrêter dans la petite ville de Foldnes, en
 Norvège. Nous sommes le 29 juillet 2011, une semaine après le massacre perpétré par
 Anders Breivik sur l’île d’Utøya où soixante-neuf personnes, des jeunes pour la plupart,
 furent abattues. Sella observe ses voisins dans le véhicule : la mère au volant, le père à côté,
 les deux garçons à l’arrière et une place restée vide. Ils rentrent chez eux sans leur fille,
 leur sœur, assassinée au cours de l’attaque. Sella et son mari vivent depuis longtemps près
 de cette famille qu’ils ne connaissent pas. Pourtant, eux aussi ont perdu un enfant il y a
 plusieurs années. Leur fils adoptif, d’origine philippine, était parti à dix-huit ans sur les
 traces de ses parents biologiques. Il ne rentra pas. Dévastée par cette disparition, Sella
 aimerait aujourd’hui être présente pour ses voisins, mais peut-on être solidaire de la
 douleur de l’autre ?



AVIS


Novice dans la littérature nordique, j'ai été immédiatement intriguée par ce titre sonnant telle une maxime, une sentence. Vous n'êtes pas venus au monde pour rester seuls raconte deux histoires sur le deuil, collectif ou individuel, et principalement sur la perte d'un enfant. Les attentats du 29 juillet 2011 aura tué soixante-neuf personnes dans un camp de jeunes en Norvège. Parmi les victimes, il y a une jeune fille, l'enfant de la famille voisine de Sella et d'Arild. Sella suit de sa fenêtre les moindres mouvements de cette famille rapidement médiatisés après l'attentat, une observation qui devient de plus en plus maladive. Elle s'identifie irrémédiablement à eux et souhaiterait les aider. Mais peut-elle partager le chagrin d'inconnus ?

Si Sella est autant touchée par les événements qui ravagent ses voisins, c'est bien parce qu'elle a connu avec son mari la même perte avec Kim, leur fils adoptif. Le récit s'emploie alors à voyager entre passé et présent, de la rencontre de Sella et d'Arild jusqu'à les événements de 2011. Le lecteur découvre également la première rencontre de Sella et d'Arild avec Kim, qui n'arrivera jamais à se faire pleinement une place dans ce foyer. A dix-huit ans, il décide donc de partir à la recherche de ses origines philippines. Malheureusement, Kim ne reviendra jamais de son voyage et n'aura même pas eu le temps de trouver ce qu'il recherchait. Ce roman est fâcheusement d'actualité avec tous les attentats et les massacres qui nous entourent chaque jour, et grâce à cela, il aurait pu être poignant. Malheureusement, ce récit est beaucoup trop lent, ne trouve pas son rythme et nous laisse le plus souvent dans un flou insupportable. 

Sella nous délivre des instants épisodiques de ses voisins en public sans jamais nous offrir des moments réellement profonds et vrais, ce que l'on ne dévoile pas au vu de tous, ce qui reste à l'intérieur du foyer. Ce voyeurisme superficiel n'est pas assez impactant et ne permet pas de montrer le plus important ; leur manière d'avancer, de voir l'avenir et la vie après la perte de leur fille et sœur. L'histoire n'étant perçue qu'à travers le regard de Sella, certaines informations ne sont forcément pas délivrées, ce qui aurait apporté davantage de poids à l'histoire si l'auteur aurait pu apporter les impressions et ressentis d'un autre personnage comme cette voisine en deuil, nous offrant un réel parallèle avec Sella. De plus, malgré son histoire et la perte qu'elle a connu, cette dernière n'aura pas réussi à se montrer attachante. Tout est décrit et relaté d'une manière assez froide, austère, sans réellement se mêler à l'émotion, ce qui fait tout retomber comme un soufflet dès le début. Le roman ne tient finalement pas ses promesses malgré les divers thèmes offerts au lecteur. Avec ce titre, je m'attendais à une touche d'espoir au milieu de cet accablement et de cette douleur propre à la perte d'un être cher. Je n'ai vraiment pas réussi à m'intéresser à ce récit que j'ai trouvé ennuyeux et lent. Je remercie tout de même la maison d'édition Grasset et NetGalley pour m'avoir permis de lire ce roman.



CONCLUSION
Un récit lent et manquant de profondeur qui ne m'aura pas du
 tout convaincu. J'aurais apprécié un autre point du vue pour
 aller davantage au bout des choses, surtout que Sella ne m'a
 pas paru attachante malgré sa douleur.

lundi 28 août 2017

Corps d'État : Sous les cendres tome 2, Christopher Martinolli
 Cinq ans après la sanglante révolte qui a secoué la France, Claire vit avec son nouveau
 mari Benoît. Cinq années qui ont permis à Claire de faire le deuil d'Erwan, son premier amour.
 Cinq années pendant lesquelles la nouvelle présidente n'a jamais rendu le pouvoir. Aujourd’hui,
 le pays semble apaisé et de nouvelles élections vont avoir lieu. Claire est éperdument amoureuse
 de Benoît et malgré les stigmates encore visibles de l'insurrection, le couple coule des jours
 heureux dans le sud de la France. Mais Claire reçoit un message troublant : Erwan est en vie et
 deux agents secrets lui demandent de saboter la campagne de la présidente qui se présente
 comme la candidate favorite. Si Claire veut revoir le père de sa fille, il faudra à tout prix
 empêcher son élection. Claire est la meilleure pour cette mission. Mais est-elle prête à tout
abandonner pour retrouver un fantôme du passé ?
 
 
 
AVIS


Après un court roman mettant en scène Erwan, un assistant parlementaire, tentant de révéler à la face du monde les machinations secrètes du pouvoir français, l'auteur nous offre une suite bienvenue à cette histoire. Le premier tome de Corps d’État proposait de bonnes idées et de bons retournements de situation mais, au vu du manque d'approfondissements et de descriptions, j'avais eu du mal à entièrement adhérer à l'histoire. Ce second tome n'aura malheureusement pas forcément réussi à corriger ce "défaut". Sous les cendres entame son histoire cinq ans après la révolte inscrite dans le première tome, alors qu'Erwan est présumé mort et que Claire, sa femme, a refait sa vie. Elle qui était presque inexistante précédemment devient le personnage principal de ce deuxième tome. Tout en gardant toujours à l'esprit son premier mari qu'elle croit mort, elle a apparemment réussi à avancer aux côtés de Benoit et de ses deux enfants. Ce nouvel homme se montre très patient, compréhensif et apporte un cadre équilibré dans la vie de Claire. Seulement, avec les nouvelles élections présidentielles, celle-ci va devoir faire face aux événements produits cinq ans auparavant. 

Dans un pays où se dessinent des mesures totalitaires, Michelle Desriviere, actuelle Présidente, accepte de proposer de nouvelles élections qui la mettront face à Raphaëlle Bertier, représentante du désir du peuple à entrer dans une Sixième République. Malheureusement, Michelle Desriviere n'est pas réellement prête à abandonner le fort pouvoir qu'elle détient sur toute la nation et entreprend de grands moyens afin que le statut de Présidente lui soit encore offert. Claire, travaillant anciennement dans la politique elle aussi, va devoir pour la survie de sa famille et du pays jouer double-jeu en entrant dans l'équipe de la Présidente. Elle est apparemment la seule qui pourra réussir à déjouer les plans du gouvernement en place, aidée d'une personne dont elle ne pensait plus obtenir l'aide. Le lecteur trouvera dans ce récit un fort dynamisme, mais comme dans le premier tome, certaines scènes sont trop rapides et manquent d'informations pour qu'il arrive à assimiler tout ce qu'il se passe. On peut alors parfois se sentir un peu perdue, devant relire certaines phrases pour ne pas perdre le fil. 

Ces deux romans paraissent posséder davantage une construction scénique, s'attachant en priorité aux scènes d'actions et de rebondissements, qu'une construction purement narrative propre au roman. Je pense que j'aurais davantage apprécié cette histoire si elle avait été retranscrite en film que par ce support romanesque. Autre point qui m'a parfois étonné et gêné : l'auteur s'emploie dans ce second tome à apporter un caractère érotique à la relation entre Claire et Benoit et une certaine vulgarité dans les propos des divers personnages, choses que je ne me rappelle pas avoir rencontré dans le premier tome. L'érotisme entre le protagoniste principal et son mari peut s'expliquer facilement, souhaitant apporter une véritable cassure et un point de non-retour dans la relation de Claire et Erwan. Néanmoins, je n'ai pas compris les raisons pour lesquelles l'auteur a souhaité se montrer aussi cru à cet instant, ou vulgaire à d'autres moments où cela ne m'a pas semblé fortuit. Malgré un bon fil conducteur, ce roman m'a malheureusement déçue, souhaitant personnellement pour cette suite un univers plus approfondi. Je remercie tout de même Christophe Martinolli pour m'avoir permis de découvrir la suite de son histoire qui pourra plaire j'en suis sûre à beaucoup d'autres lecteurs.


« Au nord, les montagnes bleues colorées par la Lune, au sud la mer scintille d'or.
Le spectacle est infini. »
 
 
 
CONCLUSION
Un deuxième tome où l'on découvre plus profondément Claire
  qui était précédemment assez effacée. Le manque de 
 descriptions et d'informations complémentaires m'ont encore
  une fois dérangé pour que je rentre complètement dans
  l'histoire qui se révèle néanmoins dynamique.
 
 
 
AUTRE AVIS SUR CETTE SAGA
http://entournantlespages.blogspot.fr/2017/05/corps-detat-christophe-martinolli-erwan.html

vendredi 25 août 2017

Tous les âges me diront bienheureuse, Emmanuelle Caron
Qui est Ilona Serginski ? C’est la vieille femme qui se meurt dans la chambre d’une maison
 de retraite bretonne, et qu’Eva, sa petite fille, appelle Baba en l’entourant de soins distants.
 Aux portes de la mort, Ilona s’est mise à parler une langue étrange, et à murmurer des propos
 plus étranges encore. Elle prétend qu’elle a tué beaucoup de gens, et demande à confesser
 une existence dont personne jusqu’ici n’a démêlé les secrets. Pour les traduire et les recueillir,
Eva fait appel à un prêtre, le Père Siméon, hanté par sa propre histoire.


AVIS


Comment réagiriez-vous si un membre de votre famille n'était pas réellement ce qu'il prétend être depuis toutes ces années ? Eva, elle, n'aurait jamais pensé découvrir un tel secret. Allant rendre visite à sa grand-mère en maison de retraite, elle comprend que quelque chose ne va pas. Ilona n'est plus tranquille et veut à tout prix expier ses péchés. Oui, mais lesquels ? Eva va d'abord croire en la folie naissante de sa grand-mère jusqu'à ce que celle-ci raconte son passé sur le territoire soviétique. Est alors décrit sa rude vie en Russie à l'époque de sa jeunesse et même bien avant sa naissance avec le récit de la rencontre de ses parents. Dans cette atmosphère oppressante et tendue évolue Ilona et sa famille jusqu'au point de non retour. Cette jeune fille va bientôt accompagner son père dans sa folie jusqu'à continuer son œuvre après sa mort. 

Mais la pire chose qu'elle aura entreprit dans sa vie est sans doute sa rencontre avec Gleb, possessif et dangereux. Pour le fuir, elle abandonnera avec sa fille Mina sa patrie afin d'échapper à cet homme nuisible. Malheureusement, leur arrivée en France ne va pas les éloigner longtemps de Gleb, celui-ci créant un lien avec Mina tout aussi nocif que celui qu'il partageait avec Ilona. Sans cesse en fuite afin d'échapper aux griffes de Gleb mais également à ses démons intérieurs suite à ses précédents actes, Ilona réussit tout de même à avancer pour sa fille et pour un avenir meilleur. En parallèle, Eva essaie de comprendre la détresse de sa grand-mère avec l'aide de Sacha, un aide soigneur de l'établissement où vit Ilona. Un lien assez spécial va se crée entre eux deux, pas toujours très compréhensible mais pour le coup assez singulier. Le Père Siméon lui vient également en aide, l'auteure s'attachant à nous décrire ses origines et son passé qui ne m'ont pas particulièrement intéressé.

Ce court récit s'accroche à nous dépeindre une Russie du XXème siècle réaliste avec ce qu'elle a de bon et de mauvais. Le parcours d'Ilona est assez incroyable au vu de la force de caractère de cette femme dont on ne peut tout de même pas applaudir tous les actes. Entre deux eaux, elle est prête à tout pour sa survie et celle de sa fille Mina, celle-ci n'arrivant pas le plus souvent à comprendre sa mère. Ce récit majoritairement féminin nous retrace la vie de trois femmes, trois générations qui se suivent, celle d'Ilona, Mina et Eva Serginski, nous donnant toujours envie d'en savoir plus sur leur passé et sur leur perception de leur propre vie et de la réalité des faits. C'est un roman de la rentrée littéraire que j'ai beaucoup apprécié et que je n'aurais sûrement pas lu sans la proposition de la maison d'édition Grasset et NetGalley, que je remercie donc pour la découverte de cette œuvre.



CONCLUSION
Un roman qui mélange douceur et âpreté pour raconter le
 lourd passé d'une femme en pleine rédemption.

jeudi 17 août 2017

Le Sacrifice des dames, Jean-Michel Delacomptée
En ce début du XVIe siècle, les Ottomans menacent la Hongrie. Le comte Gabor,
 joueur d’échecs incomparable, gouverne le comitat de Paks. Sa fille Judit, joueuse hors
 du commun elle aussi, se désespère de l’apathie de son père face au péril turc. Elle voudrait
 prendre sa place au plus vite. Sa mère, la comtesse Livia, cupide et avide de pouvoir, nourrit
 la même ambition. Toutes deux se haïssent. Pour parvenir à ses fins et sauver son pays, Judit
 trame un projet machiavélique. Elle le mènera jusqu’au bout, sans peur et sans pitié. Alors
 naît sa légende. Dans ce roman à l’atmosphère puissamment baroque, à mi-chemin entre
 l’histoire et l’imaginaire, Jean-Michel Delacomptée fait surgir une héroïne exceptionnelle
 dont l’idéal de résistance demeure intemporel.




AVIS



En Hongrie au XVIème siècle, le comitat de Paks est dirigé par le comte Gabor, calme et désirant servir au mieux son peuple. Seulement, avec la guerre entre les Ottomans qui se profilent, Gabor ne semble pas être pressé de contre-attaquer, n'ayant jamais voulu marcher dans les pas de son père, fin stratège et combattant. Mais la fille du comte, Judit, se sent prête à reprendre le comitat afin de terrasser les envahisseurs. Percevant son père comme trop vieux pour régir, elle souhaiterait détenir le pouvoir le plus tôt possible. Néanmoins, elle sait que le comte ne se dépossédera pas de son statut avant sa mort. Il y a également la mère de Judit, avide de pouvoir et arriviste, qui souhaite la marier le plus tôt possible pour être certaine d'être la prochaine détentrice de l'autorité du comitat. N'ayant jamais réussi à engendrer un héritier assez robuste pour survivre, les deux femmes sont alors en compétition frontale afin d'être celle qui finalement deviendra la haute autorité de Paks. Mais Judit ne s'effraie pas de l'ascendant que la comtesse peut avoir sur elle et les autres faisant davantage confiance à ses capacités intellectuelles et à son ambition de régner et de protéger son peuple. 


Le premier chapitre dépeint déjà au lecteur toute l'autorité naturelle que possède Judit dans cette chambre rouge accompagnée de ses trois molosses ingurgigeant de la viande fraîche. On comprend son ardeur presque juvénile à vouloir faire ses preuves le plus rapidement possible. Seulement, même si elle souhaite coûte que coûte arriver au pouvoir, elle n'imagine pas faire du mal à son père pour l'obtenir. Elle connait ses failles et ses qualités, particulièrement celles sur sa fine stratégie aux échecs. Jouant fréquemment avec Gabor, Judit devient de plus en plus forte à ce jeu complexe jusqu'à devenir plus forte que son père. Mais Judit reste intelligente et sait lorsqu'il faut abattre ses cartes ou au contraire cacher son jeu. Elle fomente alors un plan singulier dont le lecteur n'aurait sûrement pas penser de prime abord.

La jouant fine, Judit voyage dans les territoires voisins afin de défier les dirigeants de ceux-ci pour se faire un nom. Elle en arrive donc à jouer plus tard contre le roi de Hongrie qui ne va pas être simple à battre. Va alors débuter une partie complexe et ardue contre les deux personnages qui pourrait coûter la vie à certains. Le récit est majoritairement constitué d'une narration interne du point de vue de Judit, rarement entrecoupé de dialogues, ce qui peut rendre la lecture parfois longue et lourde.

Réaliste, le lecteur réussit facilement à s'immerger dans cette Hongrie du XVIème même s'il peut parfois se perdre à force de descriptions, surtout si, comme moi, il n'est pas habitué au genre historique. Néanmoins, la vigueur et l'énergie de Judit sont communicatives, ce personnage étant de plus en plus intéressant, faisant preuve d'intelligence et de perspicacité. Donc, ce nouveau roman n'est pas forcément pour un public large, mais pour ceux qui, tel que moi, désirent apprendre des choses, l'Histoire à travers les siècles au sein de pays que l'on ne connait que trop peu. Je remercie donc la maison d'édition Robert Laffont et NetGalley pour cette proposition de lecture qui m'aura appris des choses et intéressé.



CONCLUSION
Un personnage principal imposant et charismatique qui fait
 preuve de beaucoup de ruses afin d'obtenir ce qu'il veut. Le
 récit manque parfois tout de même de davantage de
 dynamisme.

mardi 15 août 2017

Fils-des-Brumes : Le Puits de l'Ascension tome 2, Brandon Sanderson
Attention, risques de SPOILER si vous n'avez pas lu le premier tome.
Le Seigneur Maître est tombé. La guerre peut commencer.
En mettant fin au règne brutal et millénaire du tyran, ils ont réalisé l’impossible.
À présent, Vin la gamine des rues devenue Fille-des-Brumes, et Elend Venture le jeune

 noble idéaliste doivent construire un nouveau gouvernement sur les cendres de l’Empire.
 Mais trois armées menées par des factions hostiles, dont celle des monstrueux koloss, font
 le siège de Luthadel. Alors que l’étau se resserre, une légende évoquant le mystérieux
 Puits de l’Ascension leur offre une lueur d’espoir.
Et si tuer le Seigneur Maître avait été la partie la plus facile ?

AVIS



« - Toi, Elend Venture, tu es un homme bon. Vraiment bon.
- Les hommes bons ne deviennent pas des légendes, dit-il tout bas.
- Ils n’en ont pas besoin, répondit-elle en ouvrant les yeux pour le regarder.
 Ils font de toute façon ce qui est juste. »



Un an après la fin du règne du Seigneur Maître, grâce à la force et au courage de Vin, la majorité des nobles ont quitté la ville, les skaas connaissent de nouvelles libertés et Elend Venture devient le dirigeant de Luthadel. Seulement, plusieurs forces désirent obtenir l'atium caché du Seigneur Maître et le territoire du Dominat Central. Les armées de Straff Venture et de Cett comptent obtenir la ville qu'Elend Venture et son conseil souhaitent relever de ses cendres. En état de siège, l'ancienne équipe de Kelsier est toujours présente afin de protéger la ville au péril de leur vie. Majoritairement constituée de brigands et d'arnaqueurs, la bande est malgré tout toujours prête à foncer vers l'impossible. Et garder Luthadel dans ce nouveau régime démocratique avec le jeune noble à sa tête va être très complexe. Tout le monde souhaitait pouvoir découvrir le règne du grand Kelsier. Mais le Survivant des fosses Hathsin n'est plus et Elend doit réussir à écrire sa propre histoire et à gagner la partie auprès de Vin, la Sauveuse, celle qui a délivré la ville de son emprise tyrannique vieille d'un millénaire. 

Malheureusement, le combat des hommes n'est pas le seul à faire rage. Malgré la mort du Seigneur Maître, les brumes envahissent toujours la nuit du Dominat. Pire, elles commencent à apparaître le jour et à être le sujet de terribles malédictions. Vin réussira-t-elle à être celle que tout le monde attend ? Peut-elle être l'arme fatale d'Elend sans se perdre elle-même ? Les deux protagonistes vont se découvrir encore davantage, et trouver en eux ce qu'il y a de plus utile et de primordiale pour la survie de Luthadel. Mais à la fin, resteront-ils dans le même camp en proie aux mêmes croyances et buts ? Font-ils tous partis du même camp ? 

Ce deuxième tome va s'interroger sur la capacité d'Elend, de Vin et des autres hommes de la bande à survivre à la prochaine guerre et à faire revivre Luthadel. Que ce soit les deux jeunes amoureux, Sazed, Ham, Brise, Spectre, Clampin ou OreSeur, tous mettent la main à la patte et s'emploient à donner le meilleur d'eux-mêmes. Ce groupe reste, comme dans le premier tome, la touche de fraîcheur et de bonne humeur dans cette atmosphère sombre où se profile guerres et morts par les brumes et les hommes. On en apprend davantage sur chacun des personnages, sur leur passé, leur caractère profond. Certains se révèlent très intéressants à explorer lorsqu'ils se retrouvent en duo comme celui entre Vin et OreSeur, eux qui ne s'appréciaient pas par le passé et qui arrivent finalement à s'amadouer.


« Quelle que soit la force de votre adversaire, il ne peut pas vous attaquer si vous
tenez un couteau contre sa gorge [...]
- Mais dites-moi, pourquoi faut-il toujours que les gens comme vous et moi incarnent
les couteaux ? »




De nouveaux protagonistes surgissent tels que Zane, Tindwyl ou Cett, personnages ambigus et difficiles parfois à cerner. Mais le premier a du mal à trouver son importance étant finalement plutôt prévisible et redondant dans ses réflexions sur Vin, Straff ou Elend. Vin est également en proie à des interrogations qu'elle va longuement ruminer tout au long de ce tome. Perçue pour certains comme une sorte de divinité, la jeune femme a du mal à percevoir ce que tout le monde voit en elle, à accepter le destin qui lui est promis. Elle reste alors longtemps dans ses retranchements, n'avançant pas et se laissant parfois manipuler facilement par les gens qui l'entourent. Elend pers également un peu de sa superbe, devenant beaucoup plus craintif et pessimiste, ce qui est évidemment expliqué par son nouveau statut de dirigeant. 

L'intrigue peine donc parfois à réellement avancer, avec cet état de siège de Luthadel qui rend l'histoire plus passive que dans le premier tome. Mais à l'intérieur de la ville se jouent encore des stratégies, alliances et trahisons afin d'obtenir le pouvoir ou la survie. Grâce à Sazed et Vin, le lecteur en apprend également davantage sur le Héros des siècles avant le début du règne du Seigneur Maître, ce que les maîtres Terrisiens avaient prédits et la tournure des événements qui ont amenés au règne tyrannique que tous connaissent. Le Puits de l'Ascension redevient après tout ce temps une énigme que Vin est bien décidée à résoudre. Mais est-elle capable d'en déceler les secrets ? 

Le tout se poursuit d'une manière assez cyclique s'alternant entre longs moments de réflexion et reflux de dynamisme par le biais des scènes d'action et de révélations. La fin ne cesse d'interroger sur ce qui peut maintenant advenir des personnages et de cet univers très bien construit et toujours aussi bien exploité. Brandon Sanderson mérite pleinement son succès lorsque l'on a la chance de découvrir avec plaisir cette trilogie, en désirant découvrir avec davantage d'avidité ses autres nombreuses histoires.



« Qui était-il ? Un homme monté par hasard sur le trône ? Un piètre remplaçant pour
 leur chef si brillant ? Un idéaliste qui n’avait pas réfléchi au danger qu’engendrerait
 sa conception du monde ? Un idiot ? Un enfant ? Un imposteur ?
Leur meilleure option. »




CONCLUSION
L'univers et les personnages sont toujours aussi
 intéressants et bien exploités. Mais j'ai ressenti
 quelques longueurs et redondances qui ont
 parfois ralenti ma lecture.



AUTRE AVIS SUR CETTE SAGA
http://entournantlespages.blogspot.fr/2016/08/fils-des-brumes-1-les-brumes-regnent.html

jeudi 10 août 2017

Timothy Blake : La mort en héritage, Bridget Page
Depuis longtemps fasciné par les sociopathes, Gildas Gabin a obtenu un certificat de
 Sciences Criminologiques avant d’intégrer la Police. Confronté très rapidement à une
 affaire de meurtres en série, ses connaissances, conjuguées à des capacités sensorielles
 hors norme, lui ont permis de se bâtir une réputation qui l’amène désormais à intervenir
 aux quatre coins de l’Europe.  C’est dans ce cadre que l’on fait appel à lui pour
 résoudre une série de meurtres sur La Rochelle, une ville reliée au pire de ses souvenirs
 et au plus cuisant de ses échecs.



AVIS


Au vu de cette couverture, je peux dire que je ne m'attendais pas à ça. Mais ce n’est pas pour ça que j'ai été déçue, bien au contraire ! Dès le premier chapitre, j'ai été emportée par ce thriller. Le lecteur rencontre Timothy Blake en train d'effectuer sa nouvelle œuvre d'art. Méticuleux et persévérant, il veut qu'elle soit parfaite à ses yeux et bientôt à ceux de la police. Car ce que Timothy interprète comme de l'art n'est finalement que folie et horreur : tueur en série, il assassine des femmes et les métamorphose à son goût. La dernière victime en date se retrouve transformée en sirène, affublée d'une queue, et placée sur la proue d'un drakar façonné par Timothy. Spécialisé dans les meurtres en série et dans la psychologie des serial killer, Gildas Gabin est nouvellement chargé de l'enquête. 

Avec une approche plus minutieuse que ses collègues, il pense réussir à attraper ce tueur. Mais à quel prix ? Il ressent rapidement un lien entre lui et cet assassin. Loin d'être déshumanisé, il ne ressemble à aucun autre cas qu'il a traité. Et c’est ce qui rend Timothy d'autant plus effrayant. Avec une alternance de point de vue entre Timothy et Gildas, le lecteur peut pleinement prendre conscience de la psychologie du meurtrier découvrant son passé, ses envies, ses répulsions, sa violence, son travail rigoureux sur ses victimes. Loin d'être dénué d'empathie, il absorbe au contraire les émotions de ces malheureuses femmes. Ce qu'il préfère, c'est ressentir leur souffrance, leur effroi. La terreur est son leitmotiv et il ne compte pas s’arrêter à rechercher cette sensation de plaisir et de jouissance qu'il ressent à chaque meurtre.

Très intelligent, il a déjà réfléchi au jour où il rencontrera enfin Gildas et où il devra lui faire croire à son innocence. Seulement, le flic ne peut s'enlever de la tête que Timothy Blake cache quelque chose. Sous ses airs de bon garçon, généreux et sociable, Gildas pourrait parier que cet homme n'est pas complètement ce qu'il semble faire croire à son entourage. Mais il va devoir redoubler d'efforts afin de trouver des indices qui le mèneront à accabler Timothy. Un jeu du chat et de la souris s'instaure rapidement, le lecteur s'interrogeant sur les chances de réussite que possèdent les deux camps. J'ai vraiment apprécié découvrir la psychologie de Timothy par sa propre perception. Dans la majorité des thrillers, les portraits de tueurs sont façonnés par l'intermédiaire des victimes ou des policiers en charge de l'enquête. Ici, Timothy est le véritable personnage central. 

Sans réellement essayer de lui trouver des circonstances atténuantes, Bridget Page nous délivre les raisons de toute cette folie qui s'explique en partie par le cadre familial de cet homme, par son passé tout aussi noir. Cela ne le rend évidemment pas plus louable ou moins fautif des horreurs qu'il commet. Mais on comprend comment il en est arrivé là, ses motivations et la naissance de ses envies morbides. Le suivant dans son "travail" sur les victimes, il m'a parfois glacé le sang par sa perception de la réalité, de ce qu'il fait endurer à ses femmes, par ses réflexions sur ce qu'il appelle son "art". J'ai été alors davantage intéressée par les chapitres du point de vue de Timothy qui m'ont captivé. Le duel entre lui et Gildas est également très intéressant, devenant de plus en plus intense au fur et à mesure de l'avancée de l'enquête. Celle-ci prend un tour beaucoup plus dramatique pour Gildas, découvrant son lien avec ses tueries, ce qui va lui donner encore plus de force et de passion afin de découvrir celui qui effectue toutes ces horreurs. Je remercie donc fortement Bridget Page pour m'avoir permis de découvrir son roman que je recommande aux fans de thrillers.


« Y a-t-il ne serait-ce qu'une chance pour qu'enfin, notre société soit débarrassée de fous
 à l'ego démesuré, assoiffés de sang et de souffrance, persuadés d'être bien au-dessus des
 lois, ne craignant ni homme ni Dieu ? »
 
 
 
CONCLUSION
Un tueur en série différent de ce que j'ai pu découvrir, qui m'a
parfois fait frissonner et dont j'ai adoré découvrir l'histoire, le
passé. Le duel entre lui et le policier en charge de l'affaire est
intense.

mardi 8 août 2017

Le Temps d'un croque, Pascal Barats & Michel Falicon
L’histoire débute au Pays de Galles en 1989, au domicile de Christopher qui reçoit
 une enveloppe sur laquelle figurent des caractères gaéliques et cyrilliques. Mais ce
 n’est pas le plus surprenant, car à l’intérieur de ladite enveloppe il trouvera un mystérieux
 manuscrit. Sa lecture, plongera Christopher au cœur de l’Histoire, notamment un épisode
 peu connu de la seconde guerre mondiale, ainsi qu’une incursion au temps de la guerre
 froide. Et c’est bien le temps le principal – protagoniste – de ce roman, où l’action,
 l’humour et l’amour seront parties prenantes. Christopher va être confronté à son passé
 et découvrira qu’il ne faut plus perdre de temps pour sauver son avenir.



AVIS


Un jour d'août 1989 au Pays de Galle, Christopher reçoit une enveloppe des plus mystérieuses. Comportant des caractères gaéliques et encore plus étranges cyrilliques, Christopher reste étonné face à ce manuscrit maintenant dans ses mains qui recèle divers secrets, notamment sur le passé de cet homme. Tout comme ce protagoniste, le lecteur est au départ dans le flou total, en attente de découvrir et de comprendre ce que raconte ce manuscrit. Celui-ci va nous mener à différentes parties de l'histoire dans divers pays commençant par un débarquement en Antarctique.

L'intérêt se crée au fil des pages, parallèlement à la lecture de Christopher du manuscrit. Comme lui, le lecteur cherche à comprendre son passé, son lien avec les épisodes racontés par le texte. Le récit nous emmène à différentes époques de manière très fluide grâce au travail à quatre mains de Pascal Barats et Michel Falicon. On ne se perd pas, on se laisse embarquer dans cette aventure pleine de mystères et de révélations. On en apprend également sur l'Histoire, ce qui m'a particulièrement plu. Certains détails m'ont paru parfois superflus mais dans la majorité du roman bénéfiques. Je me serais vraiment cru en pleine guerre froide ou au sein des autres lieux et temporalités que nous offre les deux auteurs dans ce roman. Christopher est en permanence confronté à son passé, face à ses choix. C'est un vrai plaisir de le découvrir au fil des pages. Je remercie Pascal Barats et Michel Falicon pour cette proposition de lecture que j'ai beaucoup apprécié et qui j’espère vous donnera envie de sauter le pas.



CONCLUSION
Un manuscrit qui renferme divers mystères et qui nous plonge
 au sein de différentes époques toutes aussi intéressantes les
 unes que les autres par les épisodes que nous racontent les
 deux auteurs.

dimanche 6 août 2017



Les livres :
         
  • Timothy Blake : La mort en héritage (2017) de Bridget Page : Depuis longtemps fasciné par les sociopathes, Gildas Gabin a obtenu un certificat de Sciences Criminologiques avant d’intégrer la Police. Confronté très rapidement à une affaire de meurtres en série, ses connaissances, conjuguées à des capacités sensorielles hors norme, lui ont permis de se bâtir une réputation qui l’amène désormais à intervenir aux quatre coins de l’Europe. C’est dans ce cadre que l’on fait appel à lui pour résoudre une série de meurtres sur La Rochelle, une ville reliée au pire de ses souvenirs et au plus cuisant de ses échecs.
L'alternance de point de vue entre le tueur et le policier en charge de l'affaire, spécialisé dans les tueurs en séries, m'a beaucoup plu. De plus, suivre personnellement un serial killer a été très intéressant. Pas complètement déshumanisé, ce sont bien les parties consacrées à Timothy Blake qui m'ont le plus intéressé. Entre son passé familial et tout le travail et la persévérance qu'il effectue pour ses "oeuvres d'art" qui ne sont finalement que folie et massacre, il a réussi à accaparer mon esprit et à parfois me glacer le sang.
--> 19/20


  • Tous les âges me diront bienheureuse (2017) d'Emmanuelle Caron : Qui est Ilona Serginski ? C’est la vieille femme qui se meurt dans la chambre d’une maison de retraite bretonne, et qu’Eva, sa petite fille, appelle Baba en l’entourant de soins distants. Aux portes de la mort, Ilona s’est mise à parler une langue étrange, et à murmurer des propos plus étranges encore. Elle prétend qu’elle a tué beaucoup de gens, et demande à confesser une existence dont personne jusqu’ici n’a démêlé les secrets. Pour les traduire et les recueillir, Eva fait appel à un prêtre, le Père Siméon, hanté par sa propre histoire. Plongeant dans les replis de la tragédie russe et soviétique, cette saga évoque la lignée d’Ilona, depuis les remous de la guerre civile en 1917, les violences de la grande guerre et l’asphyxiante ère brejnévienne, jusqu’à aujourd’hui. Traversant tous les âges, Ilona est tour à tour la fille adorée d’un assassin, l’idole prostituée d’un ogre mafieux et la mère sacrifiée d’une enfant précoce et trop brillante, Mina.
Eva ne pensait pas que sa grand-mère cachait un si lourd passé. Les moments de vie d'Ilona en Russie jusqu'à son arrivée en France avec Mina sont passionnants. Devenu une vieille femme rempli de remords, souhaite expier ses péchés, que l'on va découvrir tout au long du récit. C’est un très bon roman de la rentrée littéraire 2017.
--> 18/20


  • Une dose d'adrénaline (2017) de Thomas Lejeune : « Jamais je n’aurais pensé que ce soir-là mon passé me rattraperait, qu’il m’ôterait la vie. » À Dublin, après sa journée de travail, Emmy sort. Alors qu’elle et Aaron devaient se retrouver le lendemain et se lancer un nouveau défi comme le veut leur amour, personne ne sait où elle se trouve. Le jeu est-il allé trop loin ? En charge de l’enquête, l’officier Ermingh qui brigue une promotion est-il le mieux placé pour la résoudre ou trop impliqué dans celle-ci ? Dans une période où l’Irlande est en proie au chômage et réserve un avenir des plus moroses aux jeunes, envolez-vous pour la Green Erin, au cœur de Dublin et de sa côte et vivez l’histoire « adrénalinée » d’Emmy et Aaron. Si la vie n’était qu’un jeu, jusqu’où iriez-vous ?
J'ai adoré me plonger dans cette partie de l'Irlande auprès d'Aaron, persévérant et prêt à tout pour retrouver Emmy avec qui il entretenait une relation particulière et parfois dangereuse. 
--> 17/20 (chronique)



    
  • Le Temps d'un croque (2017) de Pascal Barats & Michel Falicon : L’histoire débute au Pays de Galles en 1989, au domicile de Christopher qui reçoit une enveloppe sur laquelle figurent des caractères gaéliques et cyrilliques. Mais ce n’est pas le plus surprenant, car à l’intérieur de ladite enveloppe il trouvera un mystérieux manuscrit. Sa lecture, plongera Christopher au cœur de l’Histoire, notamment un épisode peu connu de la seconde guerre mondiale, ainsi qu’une incursion au temps de la guerre froide. Et c’est bien le temps le principal – protagoniste – de ce roman, où l’action, l’humour et l’amour seront parties prenantes. Christopher va être confronté à son passé et découvrira qu’il ne faut plus perdre de temps pour sauver son avenir.
Je me suis laissée emportée par ce mystérieux manuscrit qui nous révèle un épisode peu connu de l'Histoire. J'ai vraiment passé un très bon moment avec ce roman qui mélange très bien divers genres. 
--> 17/20

 
  • Corps d'État : Sous les cendres tome 2 (2017) : Cinq ans après la sanglante révolte qui a secoué la France, Claire vit avec son nouveau mari Benoît. Cinq années qui ont permis à Claire de faire le deuil d'Erwan, son premier amour. Cinq années pendant lesquelles la nouvelle présidente n'a jamais rendu le pouvoir. Aujourd’hui, le pays semble apaisé et de nouvelles élections vont avoir lieu. Claire est éperdument amoureuse de Benoît et malgré les stigmates encore visibles de l'insurrection, le couple coule des jours heureux dans le sud de la France. Mais Claire reçoit un message troublant : Erwan est en vie et deux agents secrets lui demandent de saboter la campagne de la présidente qui se présente comme la candidate favorite. Si Claire veut revoir le père de sa fille, il faudra à tout prix empêcher son élection. Claire est la meilleure pour cette mission.Mais est-elle prête à tout abandonner pour retrouver un fantôme du passé ?
Toujours aussi court, le récit est intéressant mais ne prend pas assez le temps de raconter son histoire. Certaines scènes sont beaucoup trop rapides et superficielles pour que je rentre totalement dans l'histoire. J'ai par contre apprécié suivre cette fois-ci Claire, la femme d'Erwan, très secondaire dans le premier tome.
--> 12/20



La chronique :
L'Interphone ne fonctionne toujours pas tome 1 (2017) de Pierre-Etienne Bram



Les acquisitions :
 



Le film :
  • I wish - Faîtes un voeu (2017) de John R. Leonetti : Une marginale de 16 ans découvre une boîte magique qui lui promet de lui donner la vie qu'elle a toujours souhaité avoir... Sauf que chaque souhait demande un paiement mortel...
Je ne m'attendais à rien en allant voir ce film, mais j'ai été vraiment déçue. Noté comme un film d'horreur, ce n’est pas le film qui m'aura provoqué le plus de frissons. Ce film possède tous les stéréotypes du lycée américain et Claire m'aura bien exaspéré du début à la fin. Seul sa meilleure amie un peu farfelue et le garçon qui va l'aider à découvrir les mystères de cette boîte magique m’auront plu.
--> 6/20



Les séries télé :
    
  • Orphan black saison 2 (2013) épisodes 1 et 2 : Témoin du suicide d’une jeune femme qui lui ressemble étrangement, Sarah Manning, escroqueuse professionnelle, décide d’usurper son identité. Mais était-ce vraiment une bonne idée ? Le monde dans lequel Sarah s’apprête à mettre les pieds va se révéler bien plus terrifiant que tout ce qu’elle aurait pu imaginer. Et ce qu’elle va découvrir sur elle-même et ses origines va à jamais bouleverser sa vie.
Ce début de saison commence tout doucement. Pour le moment, je ne suis pas encore tout à fait dedans mais je sais que la suite va être beaucoup plus intéressante.

--> 16,5/20

  • Game of thrones saison 7 (2017) épisode 3 : Il y a très longtemps, à une époque oubliée, une force a détruit l'équilibre des saisons. Dans un pays où l'été peut durer plusieurs années et l'hiver toute une vie, des forces sinistres et surnaturelles se pressent aux portes du Royaume des Sept Couronnes. La confrérie de la Garde de Nuit, protégeant le Royaume de toute créature pouvant provenir d'au-delà du Mur protecteur, n'a plus les ressources nécessaires pour assurer la sécurité de tous. Après un été de dix années, un hiver rigoureux s'abat sur le Royaume avec la promesse d'un avenir des plus sombres. Pendant ce temps, complots et rivalités se jouent sur le continent pour s'emparer du Trône de Fer, le symbole du pouvoir absolu.
C'est l'épisode que j'ai préféré depuis le début de cette saison. Les dialogues entre les personnages m'ont particulièrement plu, les choses bougent un peu, nous laissant davantage dans le flou pour ce qui est des gagnants finaux qui régneront sur les 7 Royaumes. J'ai très hâte de voir la suite.
--> 19/20

samedi 5 août 2017

L'interphone ne fonctionne toujours pas tome 1, Pierre-Étienne Bram
« Objet : Hola je m'appelle Celia. Et toi ? Je suis celle qui n'arrive pas à te parler sur Meetic...
 Mais tu vois, je ne suis pas totalement muette quand on m'en donne les moyens À bientôt peut être ?
 Celia »
Si seulement j'avais su, au moment d'ouvrir ce mail le tournant que ma vie allait prendre... Beaucoup
 de mes proches n'ont jamais vraiment pu comprendre notre histoire.
 
« Comment as-tu pu continuer à garder contact avec elle après tous les lapins qu'elle t'a mis ? Ne
 crois-tu pas que ça cache quelque chose ? »
« Non, je ne crois pas... Sa vie est compliquée... La mienne n'est pas simple non plus... Et puis
sa voix était tellement envoûtante... »
« Les autres ne comprendront jamais notre histoire... Ne les écoute pas... Demain je serai là... Promis »
Comment résister...



AVIS


« C’est aussi une des raisons qui me poussait à attendre, encore et toujours… Plus
 le temps passait et plus je devais aller jusqu’au bout, histoire de ne pas avoir
 gaspillé tout ce temps pour rien… »
Comment résister à cette histoire singulière, voire atypique ? Sur un fond autobiographique, Pierre-Etienne Bram relate la relation entre un homme et une femme qui apprennent à se découvrir par écran interposé, à s'aimer jusqu'à ce qu'apparaissent la jalousie, les disputes, et surtout le doute. Car, pendant tous ces mois de communication, les deux protagonistes ne vont jamais se retrouver dans la vie réelle, et ce n'est pas faute d'avoir essayer... Se rencontrant sur Meetic, le narrateur nous raconte l'évolution de sa relation avec Celia, d'abord timide et prudente, puis qui se révèle mois après mois beaucoup plus capricieuse et possessive qu'elle ne le laissait paraître. Après toutes les occasions manqués de se rencontrer enfin, le narrateur ne baisse pas les bras, possédant toujours l'espoir de voir en chair et en os celle qui l'a envoûté. Et même s'il est un des seuls à réellement y croire, ses amis et ses proches s'étant déjà fait une opinion de cette petite-amie invisible, lui ne se décourage pas. 
Mais après tout ce temps, comment ne pas douter une seule fois ? Celia est-elle vraiment ce qu'elle laisse paraître ? Lui ment-elle ouvertement ? Mais si oui, pour quelles raisons ? Ces questions sont restées permanentes dans mon esprit jusqu'à la fin de ce premier récit. Je ne suis pas habituée à lire de la romance mais lorsque Pierre-Etienne Bram m'a proposé son ouvrage, j'ai foncé. Une histoire d'amour racontée par un homme et, de plus, autobiographique, c'est une première pour moi dans les deux cas, ce qui m'a encore plus donné envie de me plonger dans ce roman. Et dès les vint premières pages, j'ai été agréablement surprise de me rendre compte que j'étais déjà transportée par cette correspondance internet entre deux inconnus. On ressent parfaitement les émotions et sentiments du narrateur, entre appréhension mais aussi désir de rencontrer sa belle qui a l'air au départ trop parfaite pour être vraie. Comme cet homme, j'ai trouvé Celia irrésistiblement intrigante et attirante par ses origines et les bribes de son histoire qu'elle lui offre. Mais rapidement, elle est de plus en plus bizarre, recule d'un pas pour ensuite avancer de deux. Le lecteur ressent un certain danger émanée d'elle, un mystère, qui va inévitablement séduire le narrateur.  
Oui, mais après tous les lapins qu'elle lui pose, le lecteur, tout comme la famille de cet homme amoureux, se pose de plus en plus de questions sur cette femme. Elle qui semble garder des liens étroits avec son ex et collègue, elle ne manque pas de faire souffrir son petit-ami à travers des scènes de jalousie et de caprices alors qu'elle est parfois incapable de répondre à certaines questions, souvent élémentaires sur sa vie quotidienne. Les cachoteries, les quiproquos et les ultimatums tissent peu à peu le centre de cette relation qui semble pour les deux amoureux finalement irrespirable mais indispensable. Car, on ne peut douter de l'amour du narrateur pour Celia, suivant page après page son quotidien presque accaparé exclusivement par cette femme. 
Mais Celia de son côté va rester une réelle énigme pour le narrateur et le lecteur, ce qui donne encore plus envie de connaître le fin mot de l'histoire. J'ai parfois ressenti un certain éreintement au vu des réactions et actions de la jeune femme parfois répétitives, sans réussir néanmoins à dévier de ma lecture jusqu'à la fin. Contrairement au narrateur, j'avais perdu la conviction de les voir réunis dans la vraie vie tout en gardant un espoir infime sur un avenir positif pour leur relation. Et avec cette fin, comment ne pas être un tantinet frustrée et envieuse de découvrir la suite ? Merci donc à l'auteur pour l'envoi de son roman, j’espère pouvoir lire le deuxième tome prochainement !
« C’était violent, méchant, gratuit certes, mais c’était aussi le cri du cœur d’une
 femme incroyablement amoureuse, qui souhaitait désespérément
 protéger son amoureux. »
CONCLUSION
Une romance autobiographique du point de vue d'un homme
 captivante, je suis tout de suite rentrée dans ce récit entrecoupé
 d'occasions manqués, d'espoir et de secrets sur cette
 mystérieuse Celia.



AUTRE AVIS SUR CETTE SAGA
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